Huiles de Melaleuca : l’ANSES émet des recommandations

Huiles de Melaleuca : l’ANSES émet des recommandations

Le 12 avril 2018, la DGCCRF a saisie l’ANSES afin d’évaluer les risques liés à l’ingestion d’huiles essentielles de Melaleuca. En effet, depuis quelques années, plusieurs compléments alimentaires à base d’huiles essentielles de Melaleuca sont lancés sur le marché français. Or, il n’existe pas de consensus en matière d’autorisation des huiles essentielles dans les compléments alimentaires. Il en est de même pour les restrictions qui encadrent leur utilisation.

L’ANSES vient de rendre public son avis (Saisine n° 2018-SA-0096).

De quelles plantes parlons-nous ?

Le genre Melaleuca regroupent 290 plantes différentes, appartenant à la famille des Myrtes. Il s’agit d’arbres ou petits arbustes caractérisés par un tronc bicolore (noir à la base, et blanc sur les tiges plus jeunes). Leurs feuilles sont allongées, alternées ou opposées et décussées. Leurs fleurs sont regroupées en épis. Originaires d’Australie, on les retrouve aussi en Nouvelle-Calédonie, à Madagascar, en Indonésie, au Vietnam, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, … En France, on les cultive principalement dans un but ornemental (fleurs blanches, rouges, violettes plus ou moins odorantes).

L’ANSES considère qu’il existe une importante confusion entre les différentes espèces de Melaleuca, du fait de l’usage d’anciennes dénominations botaniques, et d’un mélange entre les dénominations botaniques, vernaculaires, anglophones, … Les experts de l’ANSES ont ainsi établi dans l’avis un tableau regroupant l’ensemble des noms et synonymes acceptés pour les principales espèces de Melaleuca.

Usage oral des huiles essentielles de Melaleuca

L’ANSES précise dans son avis que les huiles essentielles de Melaleuca sont principalement extraites de 3 espèces :

  • L’arbre à thé (Melaleuca alternifolia (Maiden & Betche) Cheel),
  • Le Niaouli (Melaleuca quinquenervia (Cav.) S.T. Blake),
  • Le Cajeput (Melaleuca cajuputi Powell).

Quel statut en France ?

Seules quelques espèces de Melaleuca sont autorisées dans les compléments alimentaires en France (Arrêté du 24 septembre 2014, liste des plantes éligibles à l’article 15 du décret n° 2006/352, liste des plantes de la DGCCRF de janvier 2019).

Les huiles essentielles de Melaleuca ne sont pas clairement interdites par l’arrêté plantes, et les listes de plantes établies par la DGCCRF, contrairement à plusieurs huiles essentielles issues d’autres plantes. Cependant, le décret n° 2006-352 précise dans son article 7 que les plantes et parties de plantes pouvant être employées dans les compléments alimentaires correspondent aux plantes et parties de plantes « traditionnellement considérées comme alimentaires, à l’exclusion de leurs préparations non traditionnelles en alimentation humaine ». Or, l’ingestion de Melaleuca sous forme d’huiles essentielles n’est pas un usage traditionnel en France. Selon l’avis de l’ANSES, ce type d’utilisation aurait pour principale origine leur détournement par les consommateurs pour le traitement d’infections (propriété antibactérienne dans le cadre d’angines, sinusites, cystites). Notons toutefois que les huiles essentielles de Melaleuca peuvent être utilisées pour la confection d’arômes alimentaires.

En outre, la liste des plantes de la DGCCRF de janvier 2019 précise clairement que l’usage d’huiles essentielles au sein de compléments alimentaires fait l’objet de dispositions particulières sans toutefois préciser leurs natures. A ce propos, le Synadiet (Syndicat Français des producteurs et distributeurs de compléments alimentaires) a établi un focus sur les mesures à mettre en œuvre lors de l’emploi d’huiles essentielles dans les compléments alimentaire (les huiles essentielles).

Ailleurs en Europe ?

En Belgique, l’utilisation des huiles essentielles de Melaleuca est clairement interdite dans les compléments alimentaires (Arrêté Royal du 29 août 1997). Elles sont déconseillées dans de nombreux pays européens et sont signalées dans le Compendium des espèces végétales de l’EFSA du fait des substances potentiellement dangereuses qu’elles peuvent contenir. Leur usage oral est contre-indiqué par la monographie de l’EMA (2015).

 

L’usage d’huiles essentielles de Melaleuca est cependant légal dans certains pays de l’Union Européenne. C’est notamment le cas en Italie (Decreto 10 agosto 2018).

De ce fait, la forme « huile essentielle » a été inscrite dans la liste BelFrIt (liste des plantes commune entre la Belgique, la France et l’Italie, répertoriant les plantes autorisées dans les compléments alimentaires). Néanmoins, il est précisé que leur usage n’est possible qu’en tant qu’arôme.

Par conséquent, l’introduction de compléments alimentaires contenant des huiles essentielles de Melaleuca sur le marché français est possible : le principe de reconnaissance mutuelle, décrit à l’article 16 du décret n° 2006-352, peut s’appliquer.

Quelles sont les conclusions de l’ANSES ?

L’ANSES confirme les risques liés à l’ingestion d’huiles essentielles de Melaleuca. L’absorption orale présente ainsi des risques neurologiques pour le Niaouli et le Cajeput, et des risques cancérogènes, génotoxiques, et potentiellement reprotoxiques pour l’Arbre à thé.

L’analyse des cas de nutrivigilance répertoriés entre 2009 et 2019 en France montre par ailleurs que les huiles essentielles de Melaleuca peuvent être impliquées dans des effets indésirables de différentes natures : céphalées, vertiges, douleurs abdominales.

Face à ces éléments, l’ANSES recommande aux opérateurs qui souhaitent utiliser des huiles essentielles de Melaleuca dans des compléments alimentaires :

  • de sélectionner des huiles essentielles dont la composition est bien caractérisée, et homogène d’un lot à l’autre,
  • d’indiquer clairement sur les étiquetages des restrictions d’utilisations. Il convient ainsi d’indiquer que les produits sont déconseillés aux enfants, femmes enceintes et allaitantes.

Pour l’arbre à thé, les conditions suivantes doivent être respectées :

  • déterminer le nombre maximal de gouttes à consommer par jour, en fonction :
    • des teneurs en Terpinèn-4-ol et en Methyleugénol contenues dans l’huile essentielle utilisée,
    • des doses considérées sans risques pour ces 2 substances, présentées dans l’avis de l’ANSES,
    • de la taille des gouttes produites par le compte-goutte,
  • d’établir des conditions de conservation compréhensibles et lisibles, afin d’éviter la génération de composés néoformés pendant la durée de vie du produit (au frais et à l’obscurité).

Pour le Niaouli et le Cajeput, il convient d’ajouter, sur les étiquetages, les restrictions suivantes :

  • interdiction chez les enfants de moins de 30 mois,
  • interdiction chez les enfants ayant des antécédents d’épilepsie ou de convulsions fébriles.

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